Le ruissellement des pluies a façonné les roches granitiques du Morvan depuis des milliers d’années. Les pierres de légende seraient tour à tour des objets du diable, des abris des fées ou des tables de rituel... Entourées d'énigmes et de secrets, elles continuent de susciter l'intérêt et l'imagination des voyageurs passant par la Bourgogne.
A Saint-Andeux, la Pierre Culin, appelée en patois « pierre Queulin », est liée à une légende du diable. Le diable voulut bloquer la porte de l'église avec une ou deux pierres pour piéger les fidèles. Mais les fidèles quittèrent l'église avant que le diable ne bloque la porte: celui-ci lâcha la pierre. On voit encore sur cette pierre l'empreinte de son épaule. Une deuxième version de 1894 raconte que le diable voulait attirer les habitants de St Andeux. N'ayant réussi ni par ses flatteries, ni par ses promesses, il résolut d'user de violence et décida que le jour de Noël, pendant la messe, il placerait à l'entrée de l'église de grosses pierres rendant impossible la sortie des assistants qui, alors, seraient forcés de se donner à lui. Pendant la messe de minuit, le diable prit deux pierres énormes, l'une sur son dos, l'autre dans sa main et se mit en route. Soit qu'il eut pris ces deux pierres à une trop grande distance, soit qu'il eut manqué l'heure, il n'arriva pas. Etant au lieu-dit le champ des pierres, il entend du bruit, prête l'oreille et reconnaît qu'on sort de l'église. Furieux d'avoir encore échoué, il lance les deux pierres, laissant sur une l'empreinte de ses côtes et sur l'autre celle de sa main.
A Thoisy-la-Berchère, deux pierres de légende : la Pierre Folle et la Pierre Sarrasine. La légende qui accompagne la Pierre Folle est la suivante : un paysan de Thoisy voulu débarrasser le champ qu'il cultivait de cette pierre. Il essaya de détruire la pierre en la frappant encore et encore pendant des jours et des nuits mais aucun morceau ne se détachait. Cette pierre devint son obsession. Il s'entêta tellement à la détruire qu'il en devint fou d'où le nom de Pierre Folle. De plus, l'instituteur du village a assuré en 1899 qu'il l'avait vue levée.
Quant à la Pierre Sarrasine, on suppose que le nom viendrait de « sarrasin » mais rien ne le prouve réellement. La légende de fées et de trésor nous explique tout l'intérêt de cette pierre : la fée pourrait s'appeler la Belle au Bois Dormant car chaque année pendant la messe de minuit, la partie supérieure de la pierre se lève comme un couvercle et laisse voir une belle femme couchée et endormie. A quelques mètres de là se trouve une butte de terre élevée de deux ou trois mètres et qui sonne creux: le trésor est peut-être caché dessous ? Cette pierre formerait un triangle avec la Pierre Folle et la Pierre Pointe (Sussey). Encore une fois, l'instituteur affirme avoir vu la pierre dressée sur sa base.
A Champeau, vous trouverez la Pierre des Anges qui serait un promontoire vers le ciel, le faux dolmen de Saint-Léger et la Pierre des Fées, qu'un paysan voulut déplacer mais qui fut averti par une vieille dame passant par là, lui annonçant : « Ne lai touché pas cette piare, çai vous pourter malheur ».
A Saint-Didier-en-Morvan, on peut trouver la Pierre Croulotte, la Pierre de Carrons, et la Pierre de Champ Cul, où le géant Gargantua se serait reposé quelques heures et dont on pourrait encore voir l'empreinte de ses fesses.
A Rouvray, la Pierre à Boisseau parfois appelée la Pierre au Boucher était l'emplacement pour les transactions à l'ancien marché aux céréales. Le creux en haut de la pierre était utilisé comme unité de mesure pour le grain – un boisseau correspond à un volume de 13 litres. Certaines légendes racontent que la pierre servait aussi à certains sacrifices humains, mais il n'y a pas plus de détails...
La-Roche-en-Brenil est la commune qui détient le plus de pierres :
La Pierre de La Beuffenie (ou boeufnie)
Prise à tort pour un dolmen, cette grosse pierre en équilibre sur une autre et formant une sorte de caverne avec trois autres rochers aurait servi pour des sacrifices humains. N'hésitez pas à grimper pour apercevoir la table des sacrifices, un bloc plat creusé avec une forme de silhouette humaine. Elle se trouve au lieu-dit du Grand Jarnoy.
Selon la légende, la Beuffenie était une vieille sorcière laide qui hantait les rochers dont elle se servait pour meubles (fauteuil, table, chaudron) et d'où on pouvait la voir filer à certains endroits. Elle menaçait les enfants qui n'étaient pas sages. La Beuffenie était symbole du mauvais temps, de l'hiver et du mal qu'on devait chasser.
La Pierre du Dragon
Située dans le parc du château, vous trouverez un amas de roche, représentant l'antre où se cache un dragon afin d'y protéger un trésor (monnaies, colliers, perles, or). La légende précise qu'en plein soleil ou au clair de lune, on peut voir briller au travers des pierres. Il est cependant impossible de s'en approcher, le dragon vous soufflerait de la fumée dans les yeux pour vous aveugler, vous jetterait dans le vide d'un coup de queue ou vous étourdirait. Le seul moment où les plus courageux peuvent s'y rendre est le soir de Noël car le dragon sort de sa caverne pendant la messe de minuit.
Dans le Grand Bois se trouve un rocher au sommet arrondi, en forme d'homme couché : c'est la Pierre Pointe. Vous trouverez aussi le Rocher Arthur, en forme de siège, au bord du sentier, ainsi que le Poron Meurger, également appelé « La Roche du Diable » car marqué par son empreinte, est un menhir imposant qui servit de lieu d'assemblée et de sacrifices. Il aurait le pouvoir de fendre les nuées orageuses et de protéger les localités voisines. Concernant la légende, « le diable était allé chercher cette pierre dans un pays éloigné avec le dessein d'en fermer la porte de l'église de La Roche. Le bon Dieu lui avait promis que s'il pouvait le faire avant que la cloche ne sonne, tous ceux qui étaient dans l'église lui appartiendraient. La cloche ayant sonné durant le trajet, il laissa choir son fardeau où il se trouvait. Les creux et les bassins sont les empreintes de ses épaules ou les marques de ses efforts, que dans sa colère, il fit pour le ressaisir. Tout près de là, au lieu-dit le Rebraiement, où le diable se retire après sa déconvenue, on l'entend quelque fois la nuit pousser des cris affreux. »
Les Pierres-Pelot et Pierre de Justice
En 1862, le comte de Montalembert fait ériger une croix bénie en hommage à son frère disparu. La pierre où est plantée la croix serait une ancienne pierre de sacrifice. La Pierre de Justice servait au jugement puis à l'égorgement.
Le Poron de la Balance
Visible aux Champs de la Levée, on dit que la pierre se balancerait à certaines heures de la journée. On dit aussi que jadis, la pierre servait à peser une livre de beurre. Elle a été cassée en deux au début du XXè siècle et devait être à l'origine sur un socle.
Le Poron Lutin
Cet amas rocheux surplombant la vallée de Tournesac, à côté de l'étang de Vaudin aux Bois des Grêles, est soupçonné d'être hanté par les lutins. Il y a 150 ans, on disait qu'on pouvait voir des feux follets les soirs d'été.